Cher Gérard Lenorman
L’autre jour, dans un twitt, je lâchais que j’attendais avec impatience l’album de duos de Gérard Lenorman qui cartonne actuellement au Top Album. « La provocation a ses limites » me répond un ami cher. Retweet à l’appui. J’aime bien la provoc’.
Cher Gérard, je sais bien que question variète, la sociologie de la France a été dépeinte avec plus de lettres par Michel Delpech, mais je me souviens quand même – n’est-ce pas Christian, n’est-ce pas Charlotte – que, en sortant du collège, on cramait des Gauloises Bleues en hurlant Si tu ne me laisses pas tomber tandis que nos mob et nos Peugeot 103 roulaient vers Canberra. Toi, on t’a longtemps laissé tomber.
Tout le monde a son Gérard Lenorman. Personne n’a envie de s’en vanter. Lenorman n’ a jamais inspiré la passion ni le désir. Il n’a jamais été Joe Dassin ni même Michel Fugain. Détesté dans les années 1970, éjecté des années 1980, il n’est pas davantage aujourd’hui dans l’air du temps (de crise). Lenorman représente pour beaucoup la chanson populaire française – mièvre, ravie, illuminée, naïve, fleur bleue – qui parle aux oiseaux et aux gentils dauphins tristes. C’est vrai. Et c’est pour ces raisons que certains ne l’aiment pas sans trop savoir pourquoi. C’est épidermique. Pourtant, quand Jean-Paul Gaultier a revisité Yvette Horner, des étincelles ont surgi. Mélancobobo, oui, mais être à contre-courant, quel plaisir! Cette bouffée d’insouciance, quel plaisir (bis)! Et quand je déchire mon paquet de petits coeurs kitsch et que j’écoute Voici les clefs, ma Madeleine s’effrite. J’ai 10 ans et je pense à Olga (RIP).
Les chansons populaires disent toujours la vérité, très cher Gérard Lenorman – sans d.
Je savais déjà à 10 ans que Michelle était une chanson des Beatles. Que Le Petit Prince ne s’appelait pas Il.Et que Didier Barbelivien – hélas! – chanterait Elle.